Pour percer sur un marché du jeu vidéo ultra-dominé par Steam, Epic n'y va pas par quatre chemins : le studio dépense des centaines de millions de dollars et ne vise pas la rentabilité à court terme. Ouvert depuis fin 2018, l'Epic Games Store a essuyé des pertes d'environ 181 millions de dollars en 2019, 273 millions de dollars en 2020 et pour l'année en cours c'est un trou de 131 millions de dollars qui est attendu.
Ces chiffres sont issus du dossier d'Apple faisant partie de la bataille juridique qui l'oppose à Epic. Si Apple s'attache à démontrer que l'Epic Games Store est un gouffre financier à l'heure actuelle, c'est parce qu'Epic aimerait beaucoup l'ouvrir sur iOS après l'avoir lancé sur PC et Mac.
Dans sa déposition, Tim Sweeney, le patron d'Epic, explique que ces pertes représentent le coût d'acquisition des nouveaux clients. Epic multiplie les gros chèques pour bénéficier d'exclusivités temporaires et offrir chaque semaine un nouveau jeu afin d'attirer de nouveaux clients. Sa boutique compte aujourd'hui 160 millions d'utilisateurs, dont 56 millions d'actifs chaque mois (deux fois moins que Steam).
Ce sont les autres activités du studio, dont la poule aux œufs d'or Fortnite, qui financent l'Epic Games Store aujourd'hui, mais Tim Sweeney vise la rentabilité pour sa boutique d'ici 2023 — il ne précise pas si c'est en tenant compte d'une éventuelle ouverture sur iOS ou non. Surtout, le détracteur d'Apple assure qu'il peut parvenir à cette rentabilité avec sa commission de seulement 12 % sur les ventes, quand la Pomme prélève 15 ou 30 % selon les cas.
Dans son dossier, Apple attaque par ailleurs la qualité de l'Epic Games Store en affirmant que « ses services et son expérience utilisateur sont inférieurs aux plateformes leaders comme l'App Store. » Il faut dire qu'Epic s'est lancé bien après Apple, Google ou Valve dans la distribution de jeux. Le studio fait d'ailleurs valoir que ces grosses dépenses initiales servent aussi à bâtir sa boutique aussi vite que possible.
Être concurrencée sur sa propre plateforme par un acteur capable de dépenser sans compter, voilà ce qu'Apple cherche à tout prix à éviter dans cette affaire.