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A5 : le pari risqué d’Apple

La redaction

Sunday 24 April 2011 à 15:30 • 39

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C’était en avril 2008 : Apple rachetait PA Semi pour près de 280 millions de dollars. Une modeste société de 150 personnes fondée par Dan Dobberpuhl, l’un des architectes des puces StrongARM et Alpha. C’est très naturellement que se posait la question de savoir ce que ferait Apple avec son nouveau processeur, le PWRficient, une puce double coeur 64 bits à 2 GHz dédiée aux applications exigeantes en puissance du monde de l’embarqué et optimisée pour une faible consommation. Un processeur accessoirement basé sur l’architecture Power née chez IBM et qui servit de fondation aux PowerPC.

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Une famille de processeurs abandonnée, dans les Mac, depuis le passage aux puces Intel annoncé en juin 2005. Quelques jours plus tard, Steve Jobs donnait l’explication. Non, ce n’est le marché de la défense - sur lequel PA Semi était présent - qui l’intéressait ; il ne préparait pas non plus un retour au PowerPC (même les dirigeants de PA Semi ont pu l’imaginer un temps). Dans le cadre d’un entretien accordé au Times, le patron d’Apple exposait simplement sa stratégie : PA Semi allait concevoir des systèmes intégrés (System-on-Chip) pour les iPods et les iPhone basés sur des coeurs ARM. Et ce ne serait pas le seul spécialiste des processeurs ARM qu’Apple allait s’offrir : Intrinsity devait suivre en avril 2010.

Du spécifique au généraliste…
Un retour aux vieilles lunes d’Apple ? Ceux qui ont connu l’Apple des années 1980-1990 s’en souviennent. Pendant longtemps, la firme à la pomme s’est refusée à utiliser des technologies génériques, largement répandues comme celles issues du monde du PC : citons pour l’exemple des noms qui chantent encore aux oreilles des fans de la première heure tels que bus ADB pour clavier et souris, bus NuBus pour les cartes d’extension…

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La carte-mère du Macintosh II et ses six emplacements NuBus (cc Jpk)


Il a fallu attendre la fin des années 1990 pour qu’Apple se décide enfin à s’ouvrir à des technologies largement répandues dans le monde l’informatique comme l’USB et le PCI. Ou encore qu’elle abandonne SCSI - pour les disques durs et scanners, notamment - au profit de l’IDE. Replacé dans cette perspective, le passage, annoncé en 2005 et effectif en 2006 à une architecture x86 sur processeurs Intel apparaît quand la conclusion d’un long - et peut-être douloureux - cheminement.

Mais n’y a-t-il justement pas là un certain paradoxe ? D’un côté, sur le monde de l’ordinateur personnel, Apple adopte des architectures matérielles standard et, de l’autre, sur le marché de la mobilité, il mise sur la conception exclusive de systèmes intégrés…

La réponse tient peut-être au fait que, pour être compétitif et aussi rentable que possible, Apple se devait, sur le Mac, de passer à l’architecture matérielle dominante du monde des ordinateurs personnels, quitte à ne conserver que logiciel et design pour éléments de différenciation. Mais le marché des smartphones - et maintenant des tablettes - est probablement suffisamment différent de celui des PC pour justifier le retour à une certaine logique.

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Le PowerPC 603 des premiers Power Macintosh.


Avec l'iPhone, il ne s'agit pas de jouer des coudes pour s’octroyer un strapontin comme dans le monde du PC. Avec l’iPhone, il s’agit de transformer radicalement un marché naissant, mais déjà sclérosé. Et là, pour se différencier, le pari gagnant peut être celui du contrôle du produit de bout en bout, depuis le processeur jusqu’aux applications logicielles. Ne serait-ce que pour proposer plus qu’un équipement dont l’utilisateur peut faire ce qu’il veut - quitte à ne pas toujours très savoir ce qu’il peut en faire - mais un produit, avec des finalités bien identifiées et une véritable cohérence entre les différentes couches qui le constituent.

…pour revenir au spécifique
Le processeur A5 illustre bien cette logique. Nos confrères d’eeTimes se sont attachés à l’étudier de près. Et il s’avère bien différent de son prédécesseur, l’A4. Celui-ci porte clairement la marque d’un partenaire d’Apple de longue date, Samsung : l’A4 ressemble comme deux gouttes d’eau au S5PC110 du Coréen, un système intégré à base d’un coeur de CPU ARM Cortex A8. Mais il y a néanmoins quelques différences.

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L'Apple A4 et son cœur processeur ARM Cortex-A8.


Comme le relèvent nos confrères, « dans un cas particulier, Samsung emploie deux occurrences d’un circuit là où Apple n’en utilise qu’une. Ce qui prouve une personnalisation au niveau des blocs électroniques. » Il s'agit là pour Apple d’optimiser l’utilisation de l’espace disponible sur le système intégré : un fondeur comme Samsung répond aux commandes de clients variés, anticipant sur la diversité de leurs besoins. Apple, à l’inverse, veut des puces qui répondent au mieux aux besoins de ses produits et ne surtout pas gâcher de l’espace de silicium avec des circuits qui n’y serviront à rien. C’est la différence entre un composant générique et un composant spécialisé. Bref, pour eeTimes, l’A4 embarque un peu d’Intrinsity pour beaucoup de Samsung, malgré, peut-être des accélérateurs vidéo matériels.

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L'A5, deux fois plus grand, avec ses deux cœurs processeurs ARM Cortex-A9.


Pour l’A5, c’est différent. Apple a eu plus de temps tandis que Samsung a pris quelque distance par rapport à ses puces ARM pour sa tablette pour miser du Tegra 2 sur sa Galaxy 10.1. L’A5 se distingue déjà par une surface 2,3 fois supérieure à celle de l’A4. De quoi y caser plus de choses.

Un double coeur ARM Cortex A9, bien sûr comme le Tegra 2 de Nvidia, qui s'avère pourtant, aux tests GL Benchmarks, bien moins performant que l’A5. Ce dernier embarque un processeur graphique PowerVR SGX543, contre une puce GeForce pour le système intégré de Nvidia. Pour le reste, l’A5 recèle encore de très vastes secrets. Mais une chose semble acquise : avec lui, Apple profite vraiment des cerveaux d’Intrinsity et de PA Semi pour produire un système taillé sur mesure et optimisé pour ses produits nomades.

Et mieux se différencier
Si cette approche peut paraître audacieuse, voire même contradictoire avec celle retenue par Apple pour ses ordinateurs personnels, elle présente un intérêt certain pour le constructeur.

En tout premier lieu, elle lui permet de débarrasser ses puces de circuits gravés en dur pour des fonctions que ne proposeront pas ses produits, et de profiter de l’espace ainsi libéré pour câbler dans le silicium des fonctions qui, si elles devaient être exécutées en plusieurs cycles processeur, entameraient l’autonomie du produit fini. C’est la base de l’accélération matérielle et Apple s’est donné les moyens d’optimiser ses produits pour leur permettre de se différencier significativement de la concurrence.

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L'A4 de l'iPhone 4. © iFixit.


Non, le choix d’ARM par opposition aux architectures x86 ne fait pas tout. Dans un premier temps, les concurrents d’Apple - Acer, Archos, Motorola, Samsung, Toshiba et consorts - auront probablement bien du mal à faire, avec des puces génériques, ce qu’Apple réussit avec ses processeurs maison en termes d’équilibre entre performances et autonomie.

L’utilisation de processeurs conçus en interne a un autre avantage, économique cette fois-ci. Là où le client d’un sous-traitant classique doit payer son fournisseur pour ses coûts logistiques et la gestion du risque associée à l’écoulement des produits, Apple se pose en client unique pour une puce précise avec des volumes de vente garantis : la firme à la pomme peut potentiellement payer ses puces spécifiques moins cher qu’un concurrent ne paiera ses puces génériques. Didier Scemam, analyste chez RBS, l’assurait récemment : « Apple peut se permettre une puce plus grande qui offre des performances significativement supérieures puisqu’il ne paie qu’une fraction du prix qu’il paierait pour une solution du commerce offrant des performances comparables. »

C’est un autre volet de l’avantage concurrentiel d’Apple et du secret de sa rentabilité.

Apple, partie pour gagner ?
À bien y regarder, on peut tout de même voir des similitudes avec l’approche initiale d’Apple dans le monde de l’informatique personnelle : si l’on en croît les publicités d’Apple, le PowerPC était bien supérieur aux processeurs Intel et notamment à ses Pentium. Cela n’a pas suffi à empêcher sa marginalisation face au duo dit Wintel, un duo Windows et Intel qui a notamment construit sa force sur son écosystème.

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Le processeur A5 de l'iPad 2. (cc) iFixit.


Certes aujourd’hui, Apple tire notamment ses forces de son écosystème de développeurs iOS, mais la demande en développements pour Android progresse sensiblement et rien ne permet de dire qu’iOS conservera durablement son avance en termes d’offre logicielle. Et que se passerait-il si Intel - qui n’a aucune raison de rester les bras croisés face à l’architecture ARM, ni de rater le train de la croissance qu’offrent les terminaux mobiles… - parvenait à faire passer progressivement une partie significative de l’offre de tablettes et de smartphones sur des architectures x86 ?

Serait-ce un retour à la case départ pour Apple ?

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