Les États-Unis continuent de se recroqueviller sur eux-mêmes. La crise sanitaire avait momentanément fait oublier le lourd dossier de la taxation des géants numériques, le voilà qui revient au premier plan. Steven Mnuchin, le secrétaire du Trésor américain, a annoncé le retrait temporaire des États-Unis des négociations avec l'Union européenne pour améliorer l'imposition des Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft. Et de tous ces mastodontes qui savent comme personne tirer les ficelles de l'optimisation fiscale.
Le représentant du gouvernement américain explique que cette « pause » est nécessaire afin de permettre aux gouvernements du monde entier de se concentrer sur la réponse à la pandémie de COVID-19 et sur la réouverture en toute sécurité de leurs économies. Les discussions se tiennent au sein de l'OCDE. Malgré le retrait américain, l'Union européenne veut poursuivre son projet.
Paolo Gentiloni, le commissaire aux affaires économiques et à la Fiscalité, a fait savoir qu'il fallait s'adapter à la « réalité du nouveau siècle », en rappelant la nécessité d'une taxe numérique (qui pourrait s'établir entre 2 et 6% des revenus européens des plateformes). En l'absence d'un consensus global, l'UE pourrait mettre une nouvelle proposition sur la table. Dans son coin, Le Royaume-Uni va également continuer de pousser à une solution globale.
La France, très engagée sur ce dossier — quitte à se froisser avec les États-Unis — n'a cure de l'objection américaine. Bruno Le Maire, qui parle de « provocation », a regretté la situation : « On était à quelques centimètres d'un accord », a-t-il déploré au micro de France Inter. Le ministre de l'Économie assure qu'« il y aura bien une taxation des géants du numérique en 2020 en France ».