Présentée début septembre par Renault, la Megane électrique (pardon, la « Megane E-Tech 100 % électrique ») est enfin commercialisée avec la grille tarifaire associée. Cette voiture signerait presque le retour du constructeur dans ce domaine. Non pas que Renault ait cessé de vendre des voitures électriques, la carrière de la Zoe depuis près de 10 ans est là pour le prouver, mais le Français s’est longtemps contenté d’une gamme surtout urbaine qui a perdu de son attrait face à la concurrence.
La Megane électrique est une voiture qui répond davantage aux besoins modernes, avec une autonomie théorique qui dépasse les 400 km et plus important encore, avec enfin la charge vraiment rapide. C’était le plus gros défaut de la Zoe pour qui voulait voyager : certes, elle chargeait jusqu’à 22 kW en courant alternatif sur les bornes publiques proposées sur tout le territoire, mais sa charge rapide sur courant continu était limitée à 50 kW. Une valeur bien trop faible pour charger rapidement sur un long trajet, ce qui la cantonnait à un usage (péri-)urbain.
Malheureusement, Renault n’a pas été jusqu’au bout de la démarche et continue de faire payer la charge rapide en option. Ainsi, la Megane électrique affiche un prix de base de 35 200 €, soit 29 200 € après avoir enlevé le bonus écologique, mais il faut alors se contenter d’une charge sur courant alternatif, il n’y a même pas de connecteur CCS pour la charge rapide. Pire, le constructeur abandonne l’un de ses avantages historiques sur ce modèle d’entrée de gamme, avec une charge qui est alors limitée à 7,4 kW. Pour remplir la batterie de 40 kWh, il faudra plus de 6h30 et encore plus de 3h30 pour un remplissage de 20 à 80 %, le plus fréquent en voyage.
Ce modèle de base n’a pas été pensé pour faire de la route, son autonomie théorique de 300 km ne devrait pas permettre de dépasser les 200 km en conditions réelles. C’est pourquoi Renault propose aussi une batterie de 60 kWh associée à un moteur plus puissant et qui devrait concentrer l’essentiel des ventes. C’est avec cette capacité que la norme WLTP affiche 450 km d’autonomie, ce qui signifie que l’on devrait pouvoir en faire 300 dans la majorité des cas, mais plutôt autour de 250 km à 130 km/h. La charge rapide est alors systématiquement présente et avec une puissance maximale de 130 kW, elle est à la hauteur des concurrents1.
La grille tarifaire alléchante cède la place à une liste d’options qui, si elle n’est pas très longue, cache quelques éléments bien utiles dans une voiture électrique. Ainsi, la pompe à chaleur qui permet d’économiser quelques précieux kWh l’hiver est systématiquement en option et réservée aux versions avec la grosse batterie. Renault perd ici un des avantages historiques de la Zoe, qui en était pourtant équipée d’office sur tous les modèles, mais le constructeur suit, hélas, la tendance générale du secteur. Le prix de l’option reste néanmoins mesuré : 400 €.
Le configurateur avec les tarifs n’est pas encore tout à fait en ligne sur le site de Renault, mais on connaît la grille tarifaire complète. Le constructeur semble s’être calé sur les prix de l’ID.3 de Volkswagen, sa rivale directe notamment en termes de dimensions. Pour avoir la batterie de 60 kWh et l’intérieur géré par Android Automotive, avec le grand écran de 12 pouces et surtout les services connectés ainsi que la compatibilité avec CarPlay sans fil, il faut compter 43 200 € au minimum (37 200 € bonus déduit), ce qui la rapproche dangereusement d’une Model 3.
Ajoutez la pompe à chaleur et il ne reste plus que 200 € de différence avec la voiture de Tesla. Cette dernière est bien plus encombrante et moins pratique sur les routes européennes, certes, mais elle est aussi plus spacieuse à l’intérieur, mieux équipée (sièges et volants chauffants, réglages électriques des sièges avant, radars avant et arrière de série… autant d’options chez Renault) et bénéficie surtout d’une bien meilleure autonomie réelle notamment à vitesse élevée. Son accès au réseau de superchargeurs finit de l’avantager pour les longs trajets, même si cela pourrait changer à l’avenir.
Six mois en Tesla : une voiture aux standards américains
Le constructeur français peut toutefois compter sur une fabrication entièrement française, son dense réseau de concessionnaires et son approche de l’automobile plus traditionnelle pour convaincre et cette Megane électrique devrait être un succès. Pour le moment, seuls les clients qui avaient précommandé depuis septembre peuvent passer commande, l’ouverture plus large n’est prévue qu’à partir du mois de février 2022. Terminons en signalant que la Megane thermique ne disparait pas du catalogue, l’ancien modèle reste vendu par le constructeur jusqu’à nouvel ordre.
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À titre de comparaison, une Model 3 de base est elle aussi équipée d’une batterie de 60 kWh et elle peut monter à 170 kW en charge rapide. L’ID.3 de Volkswagen monte à 125 kW au mieux dans les mêmes conditions. ↩︎